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Journées de concertation économique

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La Direction Générale de l’Economie et de la Politique Fiscale a organisé, du 24 au 27 juin 2013, dans l’enceinte de la salle polyvalente de l’Institut de l’Economie et des Finances, les Journées de Concertation Economique, sous le parrainage du Ministre de l’Economie, de l’Emploi et du Développement Durable, Monsieur Luc OYOUBI.

Prenaient part à ces travaux, plusieurs Ministres, le Président de la Chambre de Commerce et de l’Industrie, les Présidents des Fédérations et syndicats Patronaux, y compris, les chefs d’entreprises et les responsables des administrations sectorielles.

Les administrations sectorielles, les opérateurs économiques et les chefs d’entreprises ont salué favorablement la tenue de ces journées qui interviennent après une période d’interruption de dix (10) ans. En effet, il s’agit d’un exercice inauguré en 1987 et renouvelé chaque année jusqu’en 2002 avant d’être interrompues, privant ainsi dix années durant les principaux animateurs de la vie économique de notre pays, d’un moment d’échanges. La volonté du gouvernement a été de donner à nouveau aux partenaires du secteur privé un cadre de dialogue avec l’administration publique.
Le thème de l’édition 2013 a porté sur les questions d’accès au financement ou à desressources financières nécessaires à l’activité et au développement des entreprises, notamment pour les petites et moyennes entreprises. Cette problématique est au cœur du financement des pans de l’économie au regard des objectifs du plan stratégique du gouvernement.

Cette problématique s’est posé à trois (3) niveaux. D’abord, au niveau du système bancaire, ensuite des entreprises, de l’Etat et enfin, au niveau de quelques domaines sectoriels identifiés.

Au niveau du système bancaire, les  critiques sont de plus en plus vives sur les conditions d’accès au crédit en dépit de la surliquidité bancaire. Ce paradoxe interpelle les autorités. A titre d’illustration, le Conseil des Ministres délocalisé de Port Gentil, tenu en 2010, avait posé le problème de l’accès au financement des PME gabonaises.

La réflexion initiée par la Direction Générale de l’Economie et de la Politique Fiscale a débouché sur plusieurs conclusions.

Un premier constat est que les banques restent la principale voie de financement des entreprises. C’est pourquoi, elles doivent d’une part, augmenter leurs fonds propres dans le but d’élargir leurs services bancaires et capacité d’intervention. D’autre part, elles doivent adopter des marges raisonnables pour limiter le coût élevé du crédit favorisant le recours à leur financement. Parallèlement, on note quelques limites au recours du financement par le système bancaire. A ce niveau, on relève des rigidités du dispositif prudentiel, l’inefficacité de la politique des taux et l’ineffectivité du Taux Effectif Global (TEG) et du taux d’usure, malgré l’adoption d’un texte communautaire depuis novembre 2012.Les participants estiment que c’est une entrave au financement de l’économie. Parmi d’autres raisons évoquées, il y’a notamment, l’accès au financement long adapté aux besoins d’investissements lourds. Les banquiers de leur côté que, l’absence aussi bien d’un organisme de garantie et de la centrale des bilans limite leurs opérations pour une meilleure lisibilité de l’activité économique. Le taux de bancarisation très faible de la population limite également la mobilisation des ressources. Dans le secteur des assurances, l’exportation des primes d’assurance portant sur les grands projets mis en œuvre par l’Etat engendre une évasion des capitaux. L’Etat doit pouvoir favoriser une politique nationale d’assurance vie afin de capter l’épargne nationale. Au titre des recommandations, l’adoption d’une règlementation spécifique aux EMF (Loi et Règlement) est susceptible de favoriser le contrôle, le suivi et la croissance du secteur. Enfin, aux vœux de tous, la création d’une centrale de bilans serait nécessaire pour la stabilité du système financier gabonais. Par ailleurs, les banques ont à revoir le niveau de facturation du crédit qui reste toujours  élevé, malgré les efforts enregistré ces dix dernières années dans l’abaissement des coûts du crédit bancaire. Afin de bien soutenir le financement des entreprises, les banques ont des limites d’intervention en matière de fonds propres. Aussi, il serait judicieux de réfléchir aux moyens d’augmentation de leur capital dans le but d’accroitre leur capacité d’intervention.

Pour ce qui est des entreprises, les principales critiques faites à ces dernières résident dans la faiblesse de la qualité des projets soumis au financement bancaire et la production de mauvais états financiers présentés. Si bien que pour résoudre cette problématique d’accès au financement, plusieurs recommandations ont été formulées auprès de la BEAC pour qu’elle assouplisse sa politique des taux d’intérêt et des règles prudentielles. Les entreprises exportatrices ont l’obligation de respecter la réglementation en vigueur pour la domiciliation de leurs recettes d’exportation.

Quelques préoccupations ont été soulevées par des opérateurs économiques. La première avait trait à l’activité économique et la deuxième porte sur l’accès au financement. Sur l’activité, l’engorgement des ports de Libreville et de Port-Gentil, gêne le commerce extérieur et les retards de paiement de la commande publique créent des problèmes de trésorerie pour les entreprises. En outre, il n’y a pas, d’offre de formation et d’encadrement au profit des promoteurs, une main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs, tel que celui du bois, notamment pour assurer la deuxième et troisième transformation. Les difficultés d’approvisionnement en grumes entrainent la multiplication des situations de chômage technique, les obstacles au trafic notamment, du chemin de fer pour l’acheminement des marchandises occasionnent aussi des interruptions de trafic et récemment les difficultés du pont de Kango.

L’Etat gabonais doit de son côté, mettre en place des mécanismes de financement des projets structurants et encourager l’intermédiation de la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC), ouvrir le marché aux sociétés de capital-risque et développer avec beaucoup de volonté la micro finance et enfin, appliquer les dispositions du texte portant réglementation de change, relatives à la domiciliation des recettes d’exportation auprès du système bancaire local. Dans son rôle de gendarme et régulateur, l’Etat n’a pas aussi mis en œuvre une politique des suretés réelles afin de garantir aux banques des gages nécessaires en matière de prêt aux entreprises. Accoler à ce dispositif de garantie, la création de fonds de soutien qui assiste les banques dans le soutien aux entreprises.

 

Aux plans sectoriels, les entreprises de Bâtiment et Travaux Publics rencontrent desdifficultés au regard du non-paiement par l’Etat de leurs arriérés, la mise en place tardive du budget d’investissement et la question de la sous-traitance des PME.

Dans les secteurs extractifs, les entreprises Pétrolières connaissent des difficultés au vu de la persistance des problèmes techniques sur les champs matures et le déclin de la production pétrolière.

Dans l’énergie, on accuse du retard dans l’exécution des travaux relatifs à la construction des barrages hydroélectriques.

Pour ce qui est du raffinage, les pénuries récurrentes de carburant en province du fait des faibles capacités de stockage et des problèmes de navigation sur l’Ogooué pendant la saison sèche provoquent des baisses et arrêts d’activité.

Pour le Bois, les entreprises créent éprouvent des difficultés à implanter une usine à proximité du lieu d’exploitation. Il est souhaitable que les unités de transformations soient montées à côté de leurs concessions. En effet, les UFA (Unités forestières d’aménagement) sont souvent dispersés à travers tout le territoire.      Au sein de cette filière, les financements sont difficiles à obtenir. Les investissements requièrent la mobilisation des ressources importantes de l’ordre du milliard de FCFA auprès des banques locales. Pour une usine de sciage par exemple, il faut disposer de 2 milliards, de 7 milliards pour une usine de déroulage (un bulldozer 90 millions, un débardeur 220 millions, et un chargeur de grumier 220 millions). Malgré l’existence des formules de crédit-bail auprès des institutions financières, les banques ont du mal à financer ces investissements. L’absence d’une main-d’œuvre qualifiée pour les métiers liés à cette industrie freine son développement. L’élargissement des avantages de la ZERP (loi 10/2011 portant réglementation des zones économiques à régime privilégié) aux industries du bois pourraient favoriser la croissance de ce secteur. Enfin, la nécessité de la mise en œuvre d’une politique de récupération des déchets issus des différents stades de transformation pour accroitre le rendement matière est plus qu’indispensable.

Les autres filières telles que l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’agro-industrie ont également besoin de financement pour l’acquisition de parcelles exploitables et cultivables. Les besoins sont immenses en formation, aussi bien du personnel que dans la maitrise des techniques.

Pour conclure, les Autres industries de transformation souhaitent avoirune réglementation fiscale favorable aux investissements pour faire face à la concurrence massive des produits importés.

Synthèse : René Wilfrid M’VOULA, économiste

Publié le : 09 / 01 / 2014

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