L'afrique et les zones économiques
L’Afrique et les zones économiques
Face à l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), les pays africains cherchent des voies alternatives pour développer leur industrie. L’exportation brute de matières premières avec des économies monolithiques s’est avéré une stratégie aux résultats limités et justifie clairement la diversification au profit de secteurs non classiques.
Les zones économiques spéciales et les pôles de compétitivité leur sont ainsi apparus comme des alternatives intéressantes, eu égard à leurs résultats en Asie ; comme « La clé de leur industrialisation ! ».
Les expériences spécifiques de la Malaisie, de Singapour et de la Chine dans la mise en place de zones économiques offrent une option stratégique pour le renforcement de leur compétitivité. Ces pays ont conçu des pôles de croissance axés sur l’agriculture, l’agro-industrie, les activités de fabrication légère et l’industrie, entre autres.
Pour lancer ces projets, les pays africains sont confrontés à des difficultés sur la justification économique, les modalités et le cadre de politiques nécessaires à la conception et à la mise en place efficaces, la planification physique, l’administration foncière et les aspects liés aux mesures économiques notamment l’élaboration des régimes économiques spéciales nécessaires pour attirer les investisseurs.
Une stratégie qui a déjà été expérimentée sur le continent notamment au Sénégal avec un succès mitigé.
L’objectif de mise en place de ces zones est hautement stratégique : d'une part, attirer, grâce à des avantages fiscaux, des manufacturiers des secteurs agricoles, pharmaceutique et textile dont les produits à valeur ajoutée seront destinés à l'exportation ; et d'autre part, créer des emplois.
Les analystes estiment que le développement de cadres favorables au secteur manufacturier léger (intensif en travail) en Afrique favorise la délocalisation de certaines activités de l’Europe ou de l'Asie. Les dragons asiatiques (la Chine, la Corée du Sud ou encore Singapour) proposent aujourd'hui leurs expertises aux pays africains, au regard du succès des Zones Economiques Spéciales initiées chez eux.
Une grande partie des pays africains s’est lancée dans cette politique avec pour objectif de diversifier leurs économies, basées sur l'exportation des matières premières. L'Éthiopie, le Gabon, le Congo, Djibouti, la RD Congo, la Tanzanie, le Nigeria, le Sénégal et bien d'autres travaillent sur des projets similaires. Mais seuls, L'île Maurice et le Maroc, font figure d'exceptions. Au Maroc, Tanger Free Zone a réussi à s'imposer dès 1993, comme l'un des plus importants pôles d'activités du Maghreb. Plus de 500 entreprises y sont actuellement implantées et y emploient plus de 50 000 personnes. Ce pays vient même de lancer une nouvelle zone franche, Tanger Automotive City, spécialisée dans l'industrie automobile, avec l'usine Renault inaugurée en 2012. L’objectif est d’attirer les fournisseurs étrangers du constructeur français.
En dehors de ces deux nations, les autres pays qui ont opté pour ce modèle se sont très peu diversifiés et leur tissu industriel est toujours quasi inexistant.
Au Sénégal, la zone franche de Mbao, la plus ancienne au sud du Sahara, apparaît même comme l'archétype de l'échec en la matière, d’après une étude de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). Les activités menées dans cette zone ne présentent qu'une très faible valeur ajoutée. La quinzaine d'entreprises installées ont à peine créé un millier d'emplois. En 2007, avec l’appui de la Jebel Ali Free Zone Authority de Dubaï, un nouveau projet à vue le jour près du nouvel aéroport Blaise-Diagne. Ce projet a mobilisé 800 millions de dollars et il est prévu la création de 40 000 emplois. Mais depuis quelques temps, le projet peine à avancer. Au Togo, la zone franche a créée depuis 1990 un millier d’emplois dans le secteur secondaire, un résultat qui est loin des 100 000 emplois visés à terme.
La principale raison de l'échec de la première génération de Zones Economiques Spéciales en Afrique, c’est le modèle basé sur la substitution des importations. L'objectif étant d'augmenter les exportations pour créer plus de richesses et compenser le manque à gagner créé par les avantages fiscaux accordés aux entreprises. Ce qui est bien évidemment difficile lorsqu'on cible les marchés nationaux, qui sont en général restreints. La deuxième raison résulte du manque de spécialisation sectorielle de la plupart de ces zones franches. Pour réussir ce challenge, les filières doivent être bien ciblées et la mise en place des incitations pour les exportations. Les coûts de facteurs doivent être compétitifs pour une montée en gamme des produits ayant une plus grande valeur ajoutée.
Outre la spécialisation et les marchés d'exportation, on déplore la construction des infrastructures et le climat des affaires. Dans le domaine des infrastructures, il y’a des insuffisances notamment de l’énergie, des routes, du chemin de fer et des voies navigables pour attirer les investisseurs.
Au Gabon, le Gouvernement a adopté une Loi portant Zone Economique à Régime Privilégiée (ZERP). Et deux (2) décrets d’application de cette loi ont été adoptés pour la ZERP de NKOK et de POG. Le tableau ci-après présente les différents avantages des ZES.
Tableau 1 : Analyse avantages-couts
Avantages | Coûts |
Création d’emploi, spécialisation et qualification de la main d’œuvre | Exonération fiscale |
Investissement direct étranger : Recettes en devises étrangères | Baisse des revenus de l’Etat : Pertes de recettes fiscales, douanières, Libre rapatriement des bénéfices sans frais |
Effet d’entrainement sur la consommation | Baisse des tarifications de services |
Effet d’entrainement sur la concurrence | Aménagement du territoire |
Effet d’entrainement sur la recherche et l’innovation (entreprise, centre de recherche, universités, écoles) | Le remboursement des taxes |
Politiques de veille :
| L’exemption des droits et taxes à l’importation |
Réalisation des investissements (infrastructures de services, de transports et de communication) |
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Industrialisation du pays |
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Promotion de la destination pays |
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Développement des provinces : frein à l’exode rural |
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Application de la réglementation des changes et obligation de rapatriement des recettes d’exportation dans le secteur bancaire local |
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